LA COVID-19 DÉMYSTIFIÉE

COLLABORATION SPÉCIALE

photo lisette nepveu

Après plusieurs saisons dans la ligue, j’aurais aimé écrire mon premier article dans le Journal LFA dans un contexte plus joyeux que celui d’une pandémie mondiale. Au moment où j’écris ces lignes, je suis moi-même en attente d’un résultat de dépistage suite à un contact avec quelqu’un atteint de la COVID-19. Ma prochaine game de hockey est annulée, mon moral joue au yoyo et mes plans pour ma fin de semaine sont à l’eau. C’est comme ça. Ce que l’on vit en ce moment nous ébranle tous et c’est franchement normal de ne pas savoir où se positionner là-dedans. C’est grugeant, l’incertitude. Lorsque je me suis mis à faire mes recherches pour comprendre ce que la santé publique recommande, je me suis rendu compte qu’il est plus difficile de s’y retrouver que je ne l’aurais imaginé. En fait, les versions et les sources de documents ministériels abondent, mais la ligne de conduite à suivre n’est pas tracée aussi nettement que je l’aurais souhaité.

Le point le plus important à retenir, afin d’intervenir adéquatement, lorsqu’un cas COVID-19 se déclare, consiste à déterminer le risque d’exposition. Deux ou trois paliers existent selon les dates des versions des documents consultés. Essentiellement, un risque d’exposition élevé avec un individu déclaré positif à la COVID-19 (contact étroit) se définit par la rencontre des deux critères suivants:

Contact prolongé (au moins 15 minutes continues ou cumulatives) à moins de deux mètres ou selon l’évaluation du risque
ET
Non-application des mesures d’isolement (port du masque) par le cas confirmé et/ou le contact.

*par évaluation du risque, on entend tout contact plus significatif (genre altercation plus musclée dans le coin de bande) ou le contact avec des liquides biologiques. Touchez pas aux gourdes des autres guys…

le port du masque va mieux à certain qu’à d’autres (photo lisette nepveu)

Ce contact doit avoir lieu dans les 48 heures qui précèdent l’apparition de symptôme chez le cas confirmé, ou de son résultat positif s’il est asymptomatique. Si ces deux critères ne sont pas rencontrés, on parle alors d’un risque faible. C’est suite à un risque d’exposition élevé qu’une personne sera appelée à se faire dépister et à entreprendre un isolement préventif. Pour ce qui est de la durée, c’est parfois difficile de s’y retrouver. À ma compréhension, un fois l’isolement débuté, voici ce que je considèrerais comme la marche à suivre du Ministère avant de pouvoir mettre un terme à un isolement préventif :

Si asymptomatique : 10 à 14 jours d’isolement préventif après le dernier contact avec le cas confirmé même si la personne en contact a eu un résultat de dépistage négatif.
OU
Si symptomatique,  toutes les conditions suivantes doivent être rencontrées :
- 10 jours après l’apparition des symptômes,
- absence de fièvre depuis 48h (sans antipyrétique ex :Tylenol, Advil)
- amélioration des symptômes depuis 24h (sauf toux, perte de goût et perte d’odorat qui eux peuvent perdurer plus longtemps).

En résumé, selon ce que j’ai compris de mes lectures (palpitantes) et après avoir discuté avec une collègue et amie en prévention des infections, seuls les individus en contact étroit (risque élevé) avec le cas confirmé positif (contact ayant eu lieu dans les 48h qui précèdent le début de ses symptômes OU de son résultat positif s’il est asymptomatique) devraient se faire dépister et s’isoler pour une période de 10 à 14 jours suivant le contact. Ultimement, c’est à la santé publique de contacter les individus nécessitant une telle mesure, après la déclaration d’un nouveau cas positif. Dans notre cas, deux équipes furent contactées par l’administration de la ligue à titre préventif pour accélérer le processus et limiter la propagation dans notre entourage le cas échéant.

J’en viens donc à la conclusion que les directives émises par l’aréna du Collège Notre-Dame et donc aussi appliquées par la LFA en plus de ses mesures préventives additionnelles (dont l’achat de thermomètres infrarouge prochainement pour contrôler chaque participants et membres du personnelles) qui répondent exactement aux directives de la santé publique. Si toutes les consignes actuelles sont appliquées, les risques d’expositions entre un cas déclaré positif au sein de la LFA et les autres joueurs, même dans le même vestiaire, seraient jugés faibles par n’importe quel intervenant de la santé. Je pense qu’il est important de rappeler à tout le monde, surtout à la lumière des événements de la dernière semaine, l’importance du port du masque en tout temps dans la chambre. C’est probablement sur ce point que pourrait se jouer la différence entre un risque d’exposition faible et élevé avec un potentiel cas de COVID19. Il faut imaginer qu’il y a une horloge invisible qui tourne et qui cumule chaque moment où il n’y a pas de port du masque. Gardons nos distances sur le banc autant que possible. C’est particulièrement important à cet endroit où nous sommes le plus vulnérables. Il faut aussi rappeler (bien que ce soit contre-intuitif) qu’il serait de mise d’éviter les célébrations d’après-match ainsi qu’après les buts.

L’application de mesures strictes à l’intérieurs de l’aréna ne nous empêches pas de sympathiser après les matchs (à 2 mètres de distance) en prenant une “tite” bière ou deux car l’aspect social est aussi important au hockey que ce qui se passe sur la glace. C’est un sport d’équipe après tout, pas une discipline nombriliste! (photo JFD)

Je pense qu’une annulation du prochain match suivant la confirmation d’un cas positif au sein de cette formation constitue une mesure responsable et suffisante, laissant aussi le temps à la santé publique de faire son enquête. Rappelons que c’est elle qui a le mandat et l’autorité pour aviser et contraindre les citoyens à un isolement obligatoire.

Ce qui est rassurant, c’est de voir à quel points les communications à l’interne dans la LFA surpassent en vitesse les appels de la santé publique. À leur défense, il  n’y a pas le même volume d’appel à faire… mais quand même! Quand chaque jour compte pour limiter la contagion, on peut admettre qu’une telle efficacité est rassurante. Lorsqu’on apprend qu’un de nos coéquipiers est sorti positif, on doit surtout débuter l’auto-surveillance des symptômes pour les 10 à 14 jours qui suivent le contact. Un isolement volontaire pourrait aussi être de mise, quoique souvent difficile pour plusieurs. Quoi qu’il en soit, la prudence est de mise, vous en conviendrez.

Enfin, oui, il faut parler de prudence, mais aussi d’indulgence. C’est tellement facile de sauter sur le bouton colère dès qu’on apprend qu’on a été en contact avec le virus, mais gardons à l’esprit que ces « cas COVID-19 » sont des coéquipiers, des amis qui eux aussi sont sûrement assez frustrés de la situation. Faisons preuve de résilience. Il faudra tous se responsabiliser individuellement, et parfois se résoudre à faire des choix décevants (comme s’absenter d’un match même si le doute est faible et que le désir de jouer est puissant) mais la somme de ces petits gestes fera sans doute une grande différence quant au déroulement de notre saison et le sort de notre famille hockey.

Pensons à nous, pensons aux autres. Gardons tous le même objectif : jouer au hockey ensemble.

Arnaud Guertin
Infirmier clinicien, B.Sc
Recherche clinique, Hématologie-Oncologie
& Capitaine des Simwell Torpedoes dans la LFA